Génie des mots

…non, mais Allô quoi !

La politique de l'autruche ou la procrastination

Génie des Mots

Histoire drôle

Mon voisin René est agent immobilier. Il passe sa vie à courir…
René a beaucoup de talents pour les contacts mais beaucoup moins pour les tâches administratives !
Il est arrivé chez moi aujourd’hui en catastrophe pour me demander d’appeler son entreprise de téléphonie parce que sa ligne venait d’être coupée. C’est idiot pour un agent immobilier de ne plus pouvoir téléphoner… ça ressemble à un boulanger sans farine, un boucher sans viande, un glacier sans crème !
Aide-moi, s’il te plait, me supplie-t-il… je ne sais pas pourquoi ils ont coupé la ligne, ni comment je peux la récupérer… bon, c’est vrai, j’ai pas payé les dernières factures

Ce que pense mon voisin René

Dans sa carte du monde, il y a différentes croyances :

  • « On ne peut rien me refuser ».
  • « Rien ne m’arrivera de grave ».
  • « Je ne supporte pas regarder l’argent ». « 
  • « Les questions administratives sont insignifiantes, voire vulgaires ».
  • « Si je ne bouge pas, si je fais l’autruche, je n’aurai pas de problème ».
  • « Personne ne peut m’obliger à quoi que ce soit ».
  • « A homme exceptionnel, traitement exceptionnel ».
Dans l’histoire de mon voisin René, il y avait le contexte de fermeture d’un compte en banque professionnel et donc de résiliation des paiements automatiques.
René savait cela, mais il a horreur de regarder l’argent car cela le renvoie à son impuissance : cela crée chez lui une peur très intense lié à un énorme sentiment de perte et de désespoir.
René ne fait aucun travail sur lui : il n’a pas choisi de nouvelle banque et il n’a donc mis en place aucun nouveau système de paiement automatique. Il lui était possible de payer ses factures de téléphonie mais cela lui aurait rappelé par ricochet la fermeture de son compte bancaire professionnel. Il a reçu des mails de rappel de paiement de ses factures. Il a ouvert les mails mais n’a rien fait…

Les suites de la vie de mon voisin René

René m’a raconté qu’au bout de trois jours, la ligne avait été rétablie et que finalement, ce n’était pas grave. Pour me remercier, il m’a apporté des vieux restes de nourriture pour donner à mes poules. Qu’il me prenne pour sa poubelle n’aurait pas été mieux exprimé !
Sa femme l’a quitté. Ce n’était pas la première mais la troisième. Elle l’avait aidé en réglant tous ses ennuis administratifs et en croyant à ses promesses… qu’il allait changer. Evidemment, il n’a jamais rien changé. Même la bague promise depuis 2 ans, elle ne l’avait jamais reçue. Il a continué à tout procrastiner. 
Pour sa rupture sentimentale, j’imagine que, comme pour le reste, il dira aussi : « C’est pas grave… ! »

Que penser de tout cela ?

René n’a pas tort… C’est pas si grave… Après tout, les choses s’arrangent plutôt bien pour lui… il retrouve sa ligne téléphonique, il retrouvera peut-être l’amour avec une quatrième femme et il a jeté ses ordures ménagères chez son voisin qui l’avait aidé gratuitement… En effet, ce n’est pas si mal !
Pourtant, à y regarder de plus près, on peut aussi se dire que les risques que prend René sont grands ! Il perd une troisième femme et il risque de perdre la sympathie de son voisin. Il perd du temps aussi puisqu’il est injoignable pendant 3 jours. Il perd donc des chances de conclure des affaires.
A mes yeux, René est coupé de lui-même. Il vit le cœur fermé, sans émotion, ni états d’âme. Plein de ses croyances, il revivra donc inlassablement ce qu’il redoute le plus, à savoir la perte et il répétera obstinément ses stratégies : la procrastination et l’utilisation des autres jusqu’à ce qu’ils le quittent l’un après l’autre.
Le risque est donc qu’il passe à côté des relations de sa vie par manque de conscience et que les manques à gagner le conduisent un jour à un point de non retour comme l’exclusion, la faillite, ou autre chose de l’ordre d’un coup fatal que René n’aura pas vu venir…